Saviez-vous qu’il est possible de provoquer et modifier votre état émotionnel en utilisant certains patrons musculaires, respiratoires et posturaux ?
Le corps et les émotions
L’émotion est d’une expérience multidimensionnelle ayant des composantes comportementales, physiologiques et cognitives.
« L’expérience émotionnelle » comprend l’expression physique (faciale, vocale, gestuelle et posturale), des processus cognitifs complexes et des changements physiologiques du système nerveux autonome (modification de la température corporelle, du rythme cardiaque et respiratoire, de la sécrétion hormonale).
Si l’expérience émotionnelle impliquent des modifications corporelles, il est aussi possible d’influencer cette expérience par le corps.
Comment c’est possible?
L’Influence des contractions musculaires du visage sur l’expérience émotionnelle
Grâce à l’électromyographie du visage, des chercheurs (1, 2) ont constaté que certaines émotions primaires sont associées à des patrons musculaires (i.e la contraction combinée de différents muscles du visage).
La mise en place volontaire de ces patrons musculaires du visage peut provoquer une expérience émotionnelle subjective par les sujets (3) qui s’accompagne de modifications physiologiques du système nerveux autonome (modification du rythme cardiaque, de la respiration, de la conductance électrodermale de la peau) (4, 5).
L’expression faciale peut aussi moduler l’expérience émotionnelle. Des expériences montrent que des sujets souriants, tenant un crayon entre leurs dents, trouvent beaucoup plus amusant ce qu’on leur présente que ceux que l’on empêche de sourire en plaçant un crayon entre leur lèvre (6). De même des sujets d’une autre expérimentation (7) qui forçait la contraction du muscle corrugateur du sourcil, rapportent une expérience de tristesse plus marquée.
L’Influence de la posture
La posture et l’attitude corporelle peuvent aussi potentialiser, freiner ou modifier l’expérience émotionnelle vécue par le sujet.
Il est admis que des attitudes corporelles affaisées sont associées à des expériences émotionnelles négatives alors que des postures érigées sont davantage associées à des expériences émotionnelles positives (8,9,10).
Il a aussi été observé que prendre une posture dominante (érigée, ouverte) ou de soumission (affaissement, fermeture de la poitrine) influence la sécrétion hormonale de testostérone, de cortisol (hormone du stress) ainsi que la perception d’avoir du pouvoir sur la situation (11). Visionner la conférence de Amy Cuddy: https://www.ted.com/talks/amy_cuddy_your_body_language_shapes_who_you_are?language=fr-ca
Les émotions générées par la posture corporelle et le visage, perdurent ensuite sous la forme d’un état émotionnel qui influencerait la mémoire affective et l’interprétation subjective des évènements extérieures durant l’heure suivant son induction (12).
L’Influence de la respiration
Le contrôle du rythme respiratoire est reconnu dans différentes traditions de méditation depuis des siècles et fait maintenant partie intégrante de différentes thérapies parallèles pour traiter des patients souffrant de troubles d’anxiétés, de de dépression ou tout simplement pour gérer le stress.
Dans de nombreuses études portant sur les patrons physiologiques propres aux émotions, la respiration est un des paramètres montrant des variations significatives (5,13).
L’induction de ces patrons respiratoires produit une expérience émotionnelle significative chez les sujets et peut modifier l’intensité de l’expérience émotionnelle (14).
Il a aussi été observé qu’une respiration calme au rythme régulier diminue le sentiment d’anxiété chez la personne anxieuse comme elle atténue l’expression faciale et posturale liée à l’émotion vécue ainsi que l’intensité de l’expérience subjective chez des sujets normaux (15).
Alors quand vous vous sentez triste, anxieux ou de mauvaise humeur…
Respirez calmement, adopter une posture érigée avec la poitrine ouverte, détendez votre visage et souriez!
Facile à dire mais pas si facile à faire…
En effet. Pour s’entraîner, rien de mieux que la méditation. C’est une excellente pratique pour prendre conscience de votre respiration, de votre posture et des tensions musculaires qui vous habitent.
Pour ceux qui aimerait expérimenter les « patterns émotionnels» en toute sécurité, (je crois que c’est un must pour les acteurs) je vous suggère un atelier d’Alba Emoting. Pour en savoir plus, visiter ce lien: https://breathxpress.wordpress.com/alba-emoting/
Sources :
1.Ekman, P., et Frisen, W. V. (1976). Measuring facial movement. Journal of nonverbal behavior, 1, 56-75. doi: 10.1007/BF01115465
2.Hess, U., Kappas, A. (1992). The facilitative effect of facial expression on the self-generation of emotion. International Journal of Psychophysiology, 12, 251-265.
3.Levenson, R. W., Ekman,. P. et Firesen, W. V. (1992). Voluntary Facial Action Generates Emotion-Specific Autonomic Nervous System Activity. Psychophysiology, 27, 363-384. Récupéré sur le site:http://www.paulekman.com
4.Ekman, P., et Frisen, W. V. (1978). The facial Action Coding system. Palo Alto, CA: Consulting Psychologist press. Cité dans: Levenson, R. W., Ekman, P. et Firesen, W. V. (1992). Voluntary Facial Action Generates Emotion-Specific Autonomic Nervous System Activity. Psychophysiology, 27, 363-384.
5.Kreibig. S. D. (2010). Autonomic nervous system activity in emotion: A review. Biological Psychology, 84, 394-421.
6.Strack, R., Martin, L. L. and Stepper, S. (1988). Inhibiting and facilitating conditions of facial expressions: A non-obstructive test of the facial feedback hypothesis. Journal of Personality and Social Psycholoy, 54, 768-777. doi: 10.1037/0022-3514.54.5.768
7.Larsen, R.J., Kasimatis, M., Frey, K. (1992). Facilitating the furrowed brow: An unobtrusive test of the facial feedback hypothesis applied to unpleasant affect. Cognition and Emotion, 6, 321-338. doi: 10.1080/02699939208409689
8.Weisfield, G. E. and Beresford, J. M. (1982). Erectness of posture as an indicator of dominance or success in humans. Cognition and emotion, 6(2), 113-131. doi: 10.1007/BF00992459
9.Riskind, J. H. (1984). They stoop to conquer: Guiding and self-regulatory functions of physical posture after success and failure. Journal of Personality and social Psychology, 47(3), 479-493. doi: 10.1037/0022-3514.47.3.479
10.Strack, R., Martin, L. L. and Stepper, S. (1988). Inhibiting and facilitating conditions of facial expressions: A non-obstructive test of the facial feedback hypothesis. Journal of Personality and Social Psycholoy, 54, 768-777. doi: 10.1037/0022-3514.54.5.768
- Carney, D. R., Cuddy A. J.C. et Yap, A.J.(2010) Power Posing : Brief Nonverbal Displays Affect Neuroendocrine Levels and risk Tolerance. DOI: 10.1177/0956797610383437
- Laird, J. D., Shnall, S. (2003). Keep smiling: Enduring effects of facial expressions and postures on emotional experience and memory. Cognition and emotion, 17(5), 787-797.
- Larsen, J. T, Berntson, G. G, Kristen, M. P, Ito, T. A., Cacioppo, J. T. (2008). The psychophysiology of emotion. Dans Lewis, M., Haviland-Jones, J. M. et Barret, L. F. (dir.), The handbook of emotions, (3e éd., p.180-195). New York: Guilford.
- Philippot, P., Chapelle, G. et Blairy, S. (2002). Respiratory feedback in the generation of emotion. Cognition and Emotion 16(5), 605-627. doi: 10.1080/02699930143000392
- Santibanez, G. et Bloch, S. (1986) A qualitative analysis of emotional effector patterns and their feedback. The Pavlovian Journal of biological Sciences, 21, 108-116.
Bravo Marie-Lyse! Cet article est intéressant, clair et donne des trucs concrets pour améliorer notre état émotionnel. Merci pour le partage de tes connaissances